[Enquête] Quand l’Espagne enterre Kid Buu

Dragon Ball, le manga de légende est un Magazine paru en 2007, édité par Hachette. Vendu en kiosque, il était accompagné d’une figurine dans chaque numéro. Au total, 50 magazines sont sortis, retraçant l’histoire de Dragon Ball, du début jusqu’au dernier tome.

On ne connaît pas réellement l’implication d’Akira Toriyama dans ce projet. Les crédits indiquent que les textes et illustrations proviennent de la Shueisha, plus précisément d’une certaine société Kisousha (qui a notamment participé à l’écriture de quelques Daizenshū et Chōzenshū).

Original Text and Design was created in Japan in 2007 by SHUEISHA Inc, Tokyo.

Text by KISOUSHA Inc, Tokyo, Japan. (Yoshihiko Tozawa, Natsuo Funatsu, Yuuichi Shimizu)

On peut toutefois y retrouver des photos et interventions exclusives d’Akira Toriyama, ainsi que des messages de remerciement adressés aux lecteurs des 50 numéros. Également, certains passages d’interviews déjà publiés par le passé.

À noter que ces magazines sont disponibles gratuitement en archive sur le site Club Dorothée, si vous souhaitez les consulter. Vous y découvrirez, pour certains d’entre vous, ce qu’aurait donné par exemple la fusion métamol entre Piccolo et Krilin.

Il existe un passage dans la version espagnole du magazine numéro 49, page 17 qui décrit une page du manga, précisément le tome 41 page 88, correspondant au moment de la destruction de la planète Terre par Kid Buu.

On peut lire un passage très intéressant :

Ce passage est clair : il abaisse Kid Buu en le décrivant comme « pas si fort », indiquant que Gotenks et Gohan auraient pu le finir. Ainsi, Kid Buu est d’office considéré comme plus faible que Buuhan et, plus encore, que Super Buu.

Cependant, notre honnêteté nous pousse d’abord à ne pas prendre en considération toute information présente dans un magazine, même validée par la Shueisha, mais il faut également vérifier les autres versions du magazine afin de voir si cette phrase fait l’unanimité.

Voici ce que dit la version française :

« Même si Boo est revenu à son état le plus agressif, c’est un adversaire que Goku pouvait vaincre avec l’aide de Gotenks et Gohan. »


On peut voir que dans la version française, il y a une différence. Kid Buu n’est pas décrit comme « pas si fort » comme dans la version espagnole. Cependant, il est tout de même présenté comme un adversaire gérable. En effet, le « même si » est une locution conjonctive concessive. Cela signifie en d’autres termes : « malgré tout, c’était encore gérable ».

Version Italienne :

« Anche ragionando realisticamente, pure se Bu è tornato quello più violento, se ci fossero stati Gotenks e Gohan sarebbe stato possibile sconfiggerlo. »


« Même en raisonnant de façon réaliste, même si Boo était redevenu le plus violent, s’il y avait eu Gotenks et Gohan, il aurait été possible de le vaincre. »


Cette version est proche de la française. On ne retrouve pas le « pas si fort », mais cela dénote encore une fois que Kid Buu restait gérable.

Version Grecque :


Celle-ci est identique à la version italienne.

On remarque que toutes les versions ont compris pourquoi Gotenks et Gohan étaient exclus de la narration avec la destruction de la Terre, car ce qui suit introduit justement cette destruction.

Voici ce qui suit :
« Ce fut une grande perte (dans 3 versions). Vegeta est d’ailleurs furieux que Goku ait sauvé Satan et Dendé avant Gohan et les autres. »

Cependant, il semble bien que la version espagnole ait pris certaines libertés en mentionnant que Kid Buu était « pas si fort ». Ou alors…

Le problème est qu’il n’existe pas de version originale de ce magazine. C’est un produit exclusivement distribué en Europe, bien qu’il ait bien été produit par la Shueisha, via Kisousha.

Nous avons tout de même enquêté afin d’obtenir le texte original auprès des éditeurs de ce magazine, Hachette.

Sur leur site, il est indiqué que :
« Hachette travaille en étroite collaboration avec l’éditeur japonais du manga Dragon Ball : Shueisha. C’est Shueisha qui crée le contenu des fascicules et développe les moules des figurines spécialement pour cette collection. »

Après plusieurs échanges avec eux, voici leur réponse :

Malheureusement, il n’existe donc plus d’archive du document original japonais.

Mais nous n’avons pas dit notre dernier mot. Une autre problématique restait : quelle est la version la plus proche de l’original ?

Nous avons la confirmation que la version française a été traduite depuis un document original japonais. Pourquoi ? Parce que dans les crédits, il est indiqué que la traduction a été réalisée par Misato Raillard, traductrice franco-japonaise.

Quant à la fameuse version espagnole ? C’est la société « Daruma » qui s’occupe de traduire du japonais vers l’espagnol. Cela montre donc qu’ils avaient également entre les mains le document d’origine :

Nous avons décidé de les contacter directement. Voici leur réponse :

« Je regrette que ta demande se soit égarée dans le système informatique, mais nous souhaitons tout de même y répondre et te remercier pour ton intérêt envers le travail de Daruma. Oui, en effet, la traduction de Dragon Ball : El Manga Legendario a été réalisée ici aux alentours de 2008. Et oui, il s’agissait bien d’une traduction directe du japonais vers l’espagnol, basée sur la version originale. Nous ne disposons plus des originaux, ce qui nous empêche de te dire laquelle des quatre versions (dans différentes langues) que tu as consultées est la correcte. Si tu avais l’original, je pourrais te le préciser rapidement. Cependant, à première vue, cela ne me semble pas être une question de licence, mais plutôt une nuance qui était présente et que les autres langues ont peut-être omise (soit parce qu’elle leur paraissait peu importante, soit parce qu’ils ont privilégié la concision pour adapter le texte à la mise en page – il peut y avoir mille raisons). Cordialement, et bon courage pour ton enquête. »

En définitive, l’enquête reste ouverte. Toutes les versions semblent converger vers l’idée que Kid Buu, bien que très violent, restait un adversaire gérable avec Gotenks et Gohan. La version espagnole, en revanche, ajoute une nuance supplémentaire en insistant sur le fait qu’il n’était « pas si fort », ce qui pourrait refléter une liberté de traduction ou une fidélité plus fine à un texte japonais aujourd’hui perdu.

Sans les archives originales, il est impossible de trancher définitivement. Néanmoins, ce débat illustre parfaitement la difficulté de s’appuyer sur des produits promotionnels ou dérivés pour analyser la hiérarchie des personnages dans Dragon Ball. Comme toujours, prudence est de mise…

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